mardi 18 juin 2019

Cécile Goguely : si rare, si décalée




Décalée et rare. Trop rare. Cécile Goguely revient sur scène le 28 juin à la Comédie Dalayrac. Sa dernière participation à un spectacle remonte à octobre 2018, au spectacle 'Ceci n'est pas l'Afrique' à l'Atelier du Verbe avec Jann Halexander, Tita Nzebi, Indy, Nanda, Abad Boumsong. Elle lisait alors le passage du roman du même nom d'Anne-Cécile Makosso-Akendengué intitulé 'Voleur de sexe'. Il n'y avait qu'elle pour lire ce passage où l'écrivaine raconte sa confrontation avec des étudiants hystériques parce que l'un d'entre eux n'a plus de sexe, enfin dit-il. Situation étrange et décalée, comme l'univers Goguely. Peu de chansons mais marquées : 'Papa Gorilla Banana', 'La fantôme de l'Apothicaire', 'L'exhibitionniste', 'Si vite est venue la mort' ou encore 'L'Hermaphrodite'. Elle sera accompagnée sur scène par le contrebassiste Christophe Gaudier. 19H30.


(c) Boim Hwang




lundi 17 juin 2019

'Berlin en Seine' au Théâtre de l'Essaïon : prolongations méritées





Ce spectacle avait déjà été présenté en avril dernier au Théâtre de l'Essaïon. Les prolongations sont justifiées tant la revisite de Brecht, Prévert, Kosma par la pianiste Isabelle Serrand et la chanteur Wolfgang Pissors est originale (mise en scène soignée, ce n'est pas un 'petit spectacle'. On sort des sentiers battus et cela fait du bien. Il ne reste plus beaucoup de dates, allez-y :

. 22 juin, 19h45
. 23 juin, 19h00
. 29 juin, 19h45

BERLIN EN SEINE, Théâtre de l'Essaïon.




Aux confins du Gabon de la chanteuse TITA NZEBI, par Docteur Yeno Marie Jeanne





Tita Nzebi réside en région parisienne. Elle est originaire du Gabon où elle a passé son enfance à Mbigou, son village natal, dans la province de la Ngounié.

Mais laissons là nous prendre par la main pour nous faire découvrir le monde de son enfance.

La Ngounié : un immense patrioine naturel et culturel. En y faisant une excursion, le visiteur aura l'occasion de marcher sur les traces de l'explorateur français du Chaillu qui explora cette région sur un financement de l'Empereur Napoléon III et de son épouse l'Impératrice Eugénie. Il découvrira à l'entrée de Fougamou les chutes de l'Impétrice Eugénie, les parcs réservés, les stations des missionnaires dans leur originalité comme la Mission des Trois Epis. Il longera la forêt vierge très dense de Lébamba, trouée de belles clairières. Il observera les grands mammifères (éléphants, buffles, gorilles...). Il découvrira le réseau des grottes souterraines et n'empêchera pas les populations de lui parler de la sirène de Mouila qui apparut sur le lac réellement il y a très longtemps et marqua les esprits, du Bwiti, une société secrète masculine dont le rite de passage est centré sur la manducation par les néophytes d'écorces des races de l'arbuste appelé Tabermanthe (Iboga) ; le bwiti qui est pour celui qui s'y fait initier après la mastication de l'iboga 'un grand honneur de savoir comment vont les choses de la vie'. Il apprendra l'existence d'une société secrète appelée Mwiri ou Mangongo dont le but est d'honorer les ancêtres. Mais elle est aussi une ligue pour la protection de la nature et l'entretien des lieux publics, doublée d'une police secrète destinée à rechercher et puni les coupables quelqu'ils soient. Du Chaillu apprendra l'existence du Ndjembe ou Nyembe ou Nyemba, société secrète féminine jouissant d'une très grande vogue chez la majorité des peuples du Gabon et dont le rite d'initiation marque le passage à l'âge adulte.


Le Nyembe enseigne à la femme tous les secrets de l'Amour dans ses diverses manifestations (amour charnel, conjugal, maternel, amour du prochain), les règles de la solidarité de la communauté féminine. Le visiteur aura le grand plaisir d'assister à la danse d'Ikoku ou Linguala où les femmes notamment se déhanchent extraordinairement en chantant à gorge déployée au rythme de la cithare ou de la harpe, des percussions, et appellent à la manifestation de la joie inextinguible !

...Tita Nzebi a entendu pleurer les petits enfants et le temps d'un battement de cils, sourire parce que la mère le veut (ou la tante ou la grand-mère). Elle a saisi toute la portée de ce proverbe qui est aussi une berceuse : ''Moussombi ayimba mouana polo', 'la mère chante quand le bébé rit. Quand le bébé est en bonne santé, la mère se réjouit.' (proverbe nzebi). N'a t-elle pas dit elle-même dans sa chanson La goutte d'eau : 'Comme une goutte d'eau, petite et solitaire, un enfant abandonné essaie de sourire. Les parents sont en vie et pourtant l'enfant est orpheline. Un jour ils comprendront qu'enfanter est merveilleux mais alors il sera trop tard.' Ces paroles ne sont pas l'expression du pessimisme. Elles expriment la lucidité qui est non-négation de la réalité, laide ou belle, car l'artiste accepte de voir un être humain sans voix pendant que son prochain ou le voisin le détruit, détruit ce qu'il a bâti (chanson Oyo) : 'Le meilleur est à venir, chantait mon grand-père à chaque événement heureux dans la famille. En chaque être humain, il y a 5 péchés et 5 vertus disait ma grand-mère. Que celui qui est parfait lève le doigt.' Il y a dans cette affirmation une dimension christique : elle est donc revendication de l'artiste de l'établissement d'un monde meilleur. L'artiste doit sans cesse aller à la quête de ce monde pour toucher les cœurs où qu'ils se trouvent même s'il reconnaît que le mal n'a cessé de lutter contre le bien car l'art n'est pas une réjouissance solitaire. Il est un moyen, disait Albert Camus, d'émouvoir le plus grand nombre d'hommes et de femmes en leur offrant une image privilégiée des souffrances et des joies communes . Il oblige donc l'artiste à ne pas s'isoler. Il le soumet à la vérité la plus humble et la plus universelle. Tita Nzebi ne ne l'ignore pas, comme elle n'ignore pas, disait encore Albert Camus que 'le rôle de l'écrivain du même coup ne se sépare pas de devoirs difficiles. Par définition, il ne peut se soumettre aujourd'hui au service de ceux qui font l'histoire : il est au service de ceux qui la subissent.' Parmi ceux-ci se trouvent 90% des gabonais. Cela l'artiste ne peut l'accepter.





Tita Nzebi : une artiste engagée

La République Gabonaise, ancienne colonie française vit depuis plus de 50 ans sous un régime autoritaire dictateur, dirigé par Bongo père et fils et par un parti unique, le Part Démocratique Gabonais, ou démon-cratie qui a tué la démocratie, le multipartisme en 1968, date de l'accession au pouvoir de Bongo père. Le Gabon est riche, très riche (pétrole, manganèse, uranium, fer, or). Il est au cœur de la forêt vierge pleine d'essences précieuses, emplie d'une faune et d'une flore extraordinaires. Il est bordé de nombreux cours d'eau et de l'océan atlantique. Mais plus de 80 pour cent de la population ne bénéficie pas des richesses de son sol et sous-sol, de toutes ces ressources naturelles. Les bénéficiaires sont Bongo père, père, enfants, l'ensemble de la famille, les amis les plus poches, les étrangers dirigeants ou non de structures de multinationales.

Arrestations arbitraires, séquestrations, tortures, empoissonnements, disparitions forcées, assassinats sont le lot quotidien de tout gabonais quelque soit son âge qui ose contester le régime autoritaire. Des gabonais et gabonaises ne cessent de lutter contre cette sombre et mortelle réalité comme ils peuvent. Tita Nzebi a décidé de le faire à travers la chanson. Refusant de croiser les bras, de tendre vers le défaitisme, elle chante le célèbre 'Dictature inavouée', désormais un classique du patrimoine musical gabonais, voire africain, une chanson très écoutée au Gabon, en France jusqu'en Inde. Le pouvoir gabonais ne peut faire interdire cette chanson à succès à l'heure de l'évolution prodigieuse des moyens de communication. C'est ainsi que Tita Nzebi a été applaudie comme on applaudit les stars en Inde où elle était en tournée en mars dernier avec ses musiciens. Mais aussi à Paris le 6 avril dernier où le grand public pouvait assister au mélange d'instruments modernes et d'instruments traditionnels, instruments africains, instruments indiens, au mélange des chants gabonais et des chants indiens pour la joie d'un public composé de gabonais, d'africains, de français et d'autres nationalités.



Tita Nzebi se souvient de ce proverbe nzebi : ''Mbega a tate we ngomba we teti ndechetsi'', ce qui signifie '' Si quelqu'un te lance le porc-epic, lance lui un régime de noix de palmes, la vengeance est le propre de l'homme''. Le régime dictatorial du Gabon, les autres dictatures africaines qui le soutiennent et les régimes démocratiques qui refusent de voir un Gabon émancipé pour des raisons qui leur sont propres, peuvent rire en lisant ces mots : rire bien qui rira le dernier. Il se pourrait à la fin que la détermination des artistes gabonais, tels Tita Nzebi et tous les autres gabonais qui luttent pour la chute de la maison Bongo réussisse car ils savent que nul ne peut atteindre l'Arbre (la Liberté) sans passer par le chemin de la Nuit.

Du courage Tita Nzebi. Le peuple gabonais et au delà soutient ta lutte dans la solidarité : '' Mnissa a ba kana, ghoghu a be winguighu'', ''La mobilité de la tête est due au cou'' (proverbe nzebi)

Les dictateurs meurent mais l'Artiste souverain demeure.

Dr Yeno Marie Jeanne



jeudi 13 juin 2019

Ariane Dubillard : dernière représentation 'Ma Chanson de Roland' le samedi 15 juin au Théâtre des Déchargeurs, 19H30




Beaucoup de monde à chaque représentation, malgré l'horaire tardif, un public varié, toutes générations, et toutes classes sociales : les prolongations de 'Ma Chanson de Roland' au Théâtre des Déchargeurs est un vrai succès, ce jeudi 13 juin, la comédienne a eu droit à une standing ovation. Méritée tant l'émotion est au rendez-vous. L'expression 'passer du rire aux larmes' prend tout son sens avec la magistrale Dubillard qui nous tient en haleine presque deux heures, accompagné par le bel accordéon de Sébastien Debard. Comment fait-elle ? On aime, on en redemande avec ce spectacle présenté à Limoges, Nancy, Lyon, Paris. Dernières dates : ce vendredi 14 juin 21h30 et samedi à 19h30, Théâtre des Déchargeurs, 3 rue des Déchargeurs, 75003, Paris. A voir.