'Le chant est une quête qui implique tout en moi' : ainsi s'exprimait Catherine Braslavsky il y a quelques années. Tout est dit. Chez elle, depuis vingt ans, la chanson n'est pas là pour simplement faire passer du bon temps. C'est une expérience qui appelle au dépassement de soi, du quotidien immédiat. La chanteuse affiche des milliers de vues sur youtube (près de 400.000 vues pour son Kyrie Eleison). La voix et son calme apparent au début sur scène (qui cache une énergie bouillonnante, une force de vie), son allure racée font d'elle une diva contemporaine. Et pourquoi s'en plaindre à une époque où nous manquons de véritables divas (au vrai sens du terme, diva = divine).
Car la Braslavsky est l'héritière des troubadours, des femmes d'antan (l'abbesse Hildegarde de Bingen) d'une mémoire ancienne, très ancienne, où se mêlent religion et mysticisme...elle a une connaissance intime, charnelle du chant grégorien, du chant lyrique, du chant médiéval, harmonique (perfectionné grâce à l'enseignement de David Hykes) le chant indien. C'est le chant de la vie, celui qui remplace les mots parlés quand ceux-ci sont trop faibles pour désigner l'immensité des sentiments qui peuvent nous animer.
Le nouveau spectacle de Catherine Braslavsky a démarré depuis le 20 décembre dernier. Les gens viennent, les spectateurs s'organisent même entre eux pour venir compte tenu des grèves qui bousculent un peu la vie sur Paris et les alentours. Il se tient jusqu'au 2 février au beau théâtre de l'Île Saint-Louis.
Pour nous Samarya n'est pas une chanteuse. C'est plutôt une comédienne ou une diseuse qui chante, qui parle, qui chuchote, qui rigole, c'est sa personnalité étonnante qui rend son premier EP envoûtant, voire émouvant. Le clip de sa rengaine 'Je t'attendais déjà' affiche déjà des milliers de vues sur youtube, elle est écoutée en France, en Suède, en Afrique du Sud, à la Réunion d'où elle est originaire en partie. Ses vidéos sur facebook ou sur l'application TikTok remportent un franc succès.
Bref, une femme libre, totalement libre qui nous fait penser à Brigitte Fontaine ou Zouc. La dame de Beauvais (où elle réside) ne plaira pas à tout le monde forcément et c'est bon signe. Samarya en interview ou sur facebook clame son amour pour Cora Vaucaire. Atypique jusqu'au bout. D'autres surprises nous attendent, qui sait ?
A l'approche de la rencontre organisée le 20 octobre à la Comédie Dalayrac avec Adeline Petit, l'intéressée a accepté de répondre à nos questions.
On a vu dans le mini reportage qui est consacré à votre rencontre les témoignages de plusieurs artistes. Nous étions étonnés car on a l'impression d'un fossé entre les promoteurs du développement personnel et le monde artistique. Comment l'expliquez vous ?
Le monde artistique s’exprime à travers la musique, un livre, un poème et une peinture etc. Les artistes mettent en lumière et en « douceur » leurs mondes intérieurs et leurs expériences de vie, c’est-à-dire comment nous ressentons et vivons dans la société. Ils nous touchent pour nous mettre en lumière ce qui doit être transformé et ce qui doit évoluer dans la société. Le milieu artistique c’est le libre arbitre de l’expression. De plus, le public a le choix et la liberté de choisir ce qu’il lui touche en plein cœur et qui résonne en lui. Donc, il n’y a pas de fossé c’est juste que le développement personnel est un outil de création. Je le dis dans mon guide pratique Un Sens à Soi, il y a qu’une vérité, la Vie est création. Personnellement, c’est en élargissant ma vision de mon monde intérieur que j’ai créé ce guide pratique.
Il faut mettre en lumière toutes nos ombres intérieures pour les mettre en couleur et en faire des chansons, des musiques, des dessins, des immeubles, etc. Vivre tout simplement en symbiose avec soi et son environnement.
C’est cela la Vie, c’est créer le plus possible en harmonie avec soi, les autres et notre Environnement !
Et vous, quel a été l'impact des arts dans votre développement personnel ?
Comme je viens de vous l’expliquer juste avant, l’art est l’expression de notre monde intérieur et le ressenti de notre vécu. Le développement personnel est un outil de création comme l’art-thérapie et la musicothérapie. En conclusion, le développement personnel est mon croquis avant de réaliser mon œuvre.
On a eu vent que nous appréciez manger, quelle est votre plat favori ?
Je n’ai pas vraiment de plat favori. J’aime cuisiner et manger des plats cuisinés par d’autres. Je reviens de loin sur le sujet car j’ai été élevée avec une mère orthorexique. J’ai déclenché à la suite de cela une obésité morbide et comme je le dit mon burnout n’est pas que lié au professionnel, c’est un ensemble de choses lié à ma vie privée aussi. Donc, je suis végétarienne par choix et j’aime de tout surtout quand c’est cuisiné avec amour et passion, avec une préférence pour le mélange des textures et des goûts (salé et sucré). D’ailleurs mon prochain livre portera sur mon expérience par rapport à la nourriture, je suis dans la phase alimentation sportive. Je serai vraiment passée par presque tous les stades à ce niveau-là. Et, j’ai compris que l’équilibre n’est pas que dans les assiettes, nous avons un schéma sociétal qui est une croyance limitante : « Tu es ce que tu manges ». J’ai expérimenté que ce n’est pas exact. C’est une résultante mais c’est en partie faux.
Et manger c’est la vie, c’est les saveurs de la vie et c’est aussi un ART ! Pour moi la Vie est un art.
L'affiche est intrigante. Une silhouette, une guitare, un fond gris ambre.De concert en concert, la chanteuse gabonaise Tita Nzebi continue de surprendre le public. Le 19 octobre, elle sera en formule récital (peu courant pour les artistes africains). Pas d'orchestre, juste la chanteuse et le guitariste congolais Sec Bidens Acoustique pure qui permettra au public de redécouvrir les titres de la chanteuse dans une version épurée et envoûtante. Rendez-vous donc le 19 octobre à l'Espace Sorano, Vincennes. Avant, la chanteuse se produira au festival Sam'Africa le 6 septembre dans le Gers et à Blois au Théâtre de Monsabré le 5 octobre.
Voilà. Nous sommes en plein coeur de l'été. Pourquoi ne pas en profiter pour lire, que ce soit à la plage, en montagne, dans une maison de campagne ? Alors nous à la rédaction nous proposons de lire/relire les romans de l'écrivaine Anne-Cécile Makosso-Akendengué : 'Mathilde et son pianiste', 'Ceci n'est pas l'Afrique' (son roman le plus célèbre), 'Paysages intérieurs' ou encore le touchant 'Louisette s'invite à notre table'. De beaux moments en perspective. L'univers de l'écrivaine évoque les esquisses japonaises. On a l'impression d'un vol en surface, et pourtant des images, des mots, des saveurs restent des jours après avoir refermé le bouquin.
A noter que l'écrivaine est aussi dessinatrice, on peut contempler les dessins à l'image de ses romans sur instagram. Des dessins faussement naïfs qui trouvent régulièrement des acheteurs. Nous avons choisi un de ses dessins avec son autorisation pour représenter notre blog. Nous la remercions encore vivement.
En 2020, on fêtera les dix ans du roman 'Ceci n'est pas l'Afrique', roman culte où l'écrivaine raconte sa vie de française au Gabon sur vingt ans. Affaire à suivre.
Décalée
et rare. Trop rare. Cécile Goguely revient sur scène le 28 juin à
la Comédie Dalayrac. Sa dernière participation à un spectacle
remonte à octobre 2018, au spectacle 'Ceci n'est pas l'Afrique' à
l'Atelier du Verbe avec Jann Halexander, Tita Nzebi, Indy, Nanda,
Abad Boumsong. Elle lisait alors le passage du roman du même nom
d'Anne-Cécile Makosso-Akendengué intitulé 'Voleur de sexe'. Il n'y
avait qu'elle pour lire ce passage où l'écrivaine raconte sa
confrontation avec des étudiants hystériques parce que l'un d'entre
eux n'a plus de sexe, enfin dit-il. Situation étrange et décalée,
comme l'univers Goguely. Peu de chansons mais marquées : 'Papa
Gorilla Banana', 'La fantôme de l'Apothicaire', 'L'exhibitionniste',
'Si vite est venue la mort' ou encore 'L'Hermaphrodite'. Elle sera
accompagnée sur scène par le contrebassiste Christophe Gaudier.
19H30.
Ce
spectacle avait déjà été présenté en avril dernier au Théâtre
de l'Essaïon. Les prolongations sont justifiées tant la revisite
de Brecht, Prévert, Kosma par la pianiste Isabelle Serrand et la
chanteur Wolfgang Pissors est originale (mise en scène soignée, ce
n'est pas un 'petit spectacle'. On sort des sentiers battus et cela
fait du bien. Il ne reste plus beaucoup de dates, allez-y :
Tita Nzebi réside en région parisienne. Elle est originaire du
Gabon où elle a passé son enfance à Mbigou, son village natal, dans la province de la Ngounié.
Mais
laissons là nous prendre par la main pour nous faire découvrir le
monde de son enfance.
La
Ngounié : un immense patrioine naturel et culturel. En y
faisant une excursion, le visiteur aura l'occasion de marcher sur les
traces de l'explorateur français du Chaillu qui explora cette région
sur un financement de l'Empereur Napoléon III et de son épouse
l'Impératrice Eugénie. Il découvrira à l'entrée de Fougamou les
chutes de l'Impétrice Eugénie, les parcs réservés, les stations
des missionnaires dans leur originalité comme la Mission des Trois
Epis. Il longera la forêt vierge très dense de Lébamba, trouée de
belles clairières. Il observera les grands mammifères (éléphants,
buffles, gorilles...). Il découvrira le réseau des grottes
souterraines et n'empêchera pas les populations de lui parler de la
sirène de Mouila qui apparut sur le lac réellement il y a très
longtemps et marqua les esprits, du Bwiti, une société secrète
masculine dont le rite de passage est centré sur la manducation par
les néophytes d'écorces des races de l'arbuste appelé Tabermanthe
(Iboga) ; le bwiti qui est pour celui qui s'y fait initier après
la mastication de l'iboga 'un grand honneur de savoir comment vont
les choses de la vie'. Il apprendra l'existence d'une société
secrète appelée Mwiri ou Mangongo dont le but est d'honorer les
ancêtres. Mais elle est aussi une ligue pour la protection de la
nature et l'entretien des lieux publics, doublée d'une police
secrète destinée à rechercher et puni les coupables quelqu'ils
soient. Du Chaillu apprendra l'existence du Ndjembe ou Nyembe ou
Nyemba, société secrète féminine jouissant d'une très grande
vogue chez la majorité des peuples du Gabon et dont le rite
d'initiation marque le passage à l'âge adulte.
Le
Nyembe enseigne à la femme tous les secrets de l'Amour dans ses
diverses manifestations (amour charnel, conjugal, maternel, amour du
prochain), les règles de la solidarité de la communauté féminine.
Le visiteur aura le grand plaisir d'assister à la danse d'Ikoku ou
Linguala où les femmes notamment se déhanchent extraordinairement
en chantant à gorge déployée au rythme de la cithare ou de la
harpe, des percussions, et appellent à la manifestation de la joie
inextinguible !
...Tita
Nzebi a entendu pleurer les petits enfants et le temps d'un
battement de cils, sourire parce que la mère le veut (ou la tante ou
la grand-mère). Elle a saisi toute la portée de ce proverbe qui est
aussi une berceuse : ''Moussombi ayimba mouana polo', 'la
mère chante quand le bébé rit. Quand le bébé est en bonne santé,
la mère se réjouit.' (proverbe nzebi). N'a t-elle pas dit elle-même
dans sa chanson La
goutte d'eau :
'Comme une goutte d'eau, petite et solitaire, un enfant abandonné
essaie de sourire. Les parents sont en vie et pourtant l'enfant est
orpheline. Un jour ils comprendront qu'enfanter est merveilleux mais
alors il sera trop tard.' Ces paroles ne sont pas l'expression du
pessimisme. Elles expriment la lucidité qui est non-négation de la
réalité, laide ou belle, car l'artiste accepte de voir un être
humain sans voix pendant que son prochain ou le voisin le détruit,
détruit ce qu'il a bâti (chanson Oyo) :
'Le meilleur est à venir, chantait mon grand-père à chaque
événement heureux dans la famille. En chaque être humain, il y a 5
péchés et 5 vertus disait ma grand-mère. Que celui qui est parfait
lève le doigt.' Il y a dans cette affirmation une dimension
christique : elle est donc revendication de l'artiste de
l'établissement d'un monde meilleur. L'artiste doit sans cesse
aller à la quête de ce monde pour toucher les cœurs où qu'ils se
trouvent même s'il reconnaît que le mal n'a cessé de lutter contre
le bien car l'art n'est pas une réjouissance solitaire. Il est un
moyen, disait Albert Camus, d'émouvoir le plus grand nombre d'hommes
et de femmes en leur offrant une image privilégiée des souffrances
et des joies communes . Il oblige donc l'artiste à ne pas s'isoler.
Il le soumet à la vérité la plus humble et la plus universelle.
Tita Nzebi ne ne l'ignore pas, comme elle n'ignore pas, disait encore
Albert Camus que 'le rôle de l'écrivain du même coup ne se sépare
pas de devoirs difficiles. Par définition, il ne peut se soumettre
aujourd'hui au service de ceux qui font l'histoire : il est au
service de ceux qui la subissent.' Parmi ceux-ci se trouvent 90% des
gabonais. Cela l'artiste ne peut l'accepter.
Tita
Nzebi : une artiste engagée
La
République Gabonaise, ancienne colonie française vit depuis plus de
50 ans sous un régime autoritaire dictateur, dirigé par Bongo père
et fils et par un parti unique, le Part Démocratique Gabonais, ou
démon-cratie qui a tué la démocratie, le multipartisme en 1968,
date de l'accession au pouvoir de Bongo père. Le Gabon est riche,
très riche (pétrole, manganèse, uranium, fer, or). Il est au cœur
de la forêt vierge pleine d'essences précieuses, emplie d'une faune
et d'une flore extraordinaires. Il est bordé de nombreux cours d'eau
et de l'océan atlantique. Mais plus de 80 pour cent de la population
ne bénéficie pas des richesses de son sol et sous-sol, de toutes
ces ressources naturelles. Les bénéficiaires sont Bongo père,
père, enfants, l'ensemble de la famille, les amis les plus poches,
les étrangers dirigeants ou non de structures de multinationales.
Arrestations
arbitraires, séquestrations, tortures, empoissonnements,
disparitions forcées, assassinats sont le lot quotidien de tout
gabonais quelque soit son âge qui ose contester le régime
autoritaire. Des gabonais et gabonaises ne cessent de lutter contre
cette sombre et mortelle réalité comme ils peuvent. Tita Nzebi a
décidé de le faire à travers la chanson. Refusant de croiser les
bras, de tendre vers le défaitisme, elle chante le célèbre
'Dictature inavouée', désormais un classique du patrimoine musical
gabonais, voire africain, une chanson très écoutée au Gabon, en
France jusqu'en Inde. Le pouvoir gabonais ne peut faire interdire
cette chanson à succès à l'heure de l'évolution prodigieuse des
moyens de communication. C'est ainsi que Tita Nzebi a été applaudie
comme on applaudit les stars en Inde où elle était en tournée en
mars dernier avec ses musiciens. Mais aussi à Paris le 6 avril
dernier où le grand public pouvait assister au mélange
d'instruments modernes et d'instruments traditionnels, instruments
africains, instruments indiens, au mélange des chants gabonais et
des chants indiens pour la joie d'un public composé de gabonais,
d'africains, de français et d'autres nationalités.
Tita
Nzebi se souvient de ce proverbe nzebi : ''Mbega a tate we
ngomba we teti ndechetsi'', ce qui signifie '' Si quelqu'un te lance
le porc-epic, lance lui un régime de noix de palmes, la vengeance
est le propre de l'homme''. Le régime dictatorial du Gabon, les
autres dictatures africaines qui le soutiennent et les régimes
démocratiques qui refusent de voir un Gabon émancipé pour des
raisons qui leur sont propres, peuvent rire en lisant ces mots :
rire bien qui rira le dernier. Il se pourrait à la fin que la
détermination des artistes gabonais, tels Tita Nzebi et tous les
autres gabonais qui luttent pour la chute de la maison Bongo
réussisse car ils savent que nul ne peut atteindre l'Arbre (la
Liberté) sans passer par le chemin de la Nuit.
Du
courage Tita Nzebi. Le peuple gabonais et au delà soutient ta lutte
dans la solidarité : '' Mnissa a ba kana, ghoghu a be
winguighu'', ''La mobilité de la tête est due au cou'' (proverbe
nzebi)
Les
dictateurs meurent mais l'Artiste souverain demeure.
Beaucoup
de monde à chaque représentation, malgré l'horaire tardif, un
public varié, toutes générations, et toutes classes sociales :
les prolongations de 'Ma Chanson de Roland' au Théâtre des
Déchargeurs est un vrai succès, ce jeudi 13 juin, la comédienne a
eu droit à une standing ovation. Méritée tant l'émotion est au
rendez-vous. L'expression 'passer du rire aux larmes' prend tout son
sens avec la magistrale Dubillard qui nous tient en haleine presque
deux heures, accompagné par le bel accordéon de Sébastien Debard. Comment fait-elle ? On aime, on en redemande avec
ce spectacle présenté à Limoges, Nancy, Lyon, Paris. Dernières
dates : ce vendredi 14 juin 21h30 et samedi à 19h30, Théâtre
des Déchargeurs, 3 rue des Déchargeurs, 75003, Paris. A voir.